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Horacio Vasquez-Rial

Je rencontrai l'écrivain Horacio Vásquez-Rial alors qu'il donnait une conférence dans la salle consacrée à Unamuno à l'Université de Salamanque en août 1993. J'avais eu alors une bourse et avais pu suivre les cours en philologie hispanique, logeant à la Résidence Fray Luis de Leon.

 Il est des rêves étranges, car peu de temps avant, j'eus lors d'une nuit la prémonition de la rencontre en voyant l'auteur en rêve. Aussi je fus étonnée que nous puissions dialoguer si facilement en nous présentant mutuellement nos livres ; moi : "La noria des temps" et lui : "Los últimos tiempos" en ayant pour mot commun : le "temps".

  Et cette amitié résista au temps puisque nous nous retrouvâmes, quoique très brièvement, décade après décade dans nos cheminements littéraires. Aussi je vous présente l'ami :

Horacio Vásquez-Rial, romancier argentin, réside entre Madrid et Barcelone (ville qu'il affectionne particulièrement).
Né en 1947 à Buenos Aires, militant trotskiste dans sa jeunesse, il dut s'exiler d' Argentine en 1974.
Licencié en Histoire médiévale et possédant un doctorat en Géographie humaine, il a enseigné et fut aussi éditeur et journaliste.
Finaliste du prix Nadal (1986) avec le roman "Historia del Triste", il écrivit de nombreux romans dont certains ont eu également des prix comme "La reina de oros", "La capital del olvido", "El camino del norte"...
Il écrivit la vie inconnue de Carlos Gardel "Las dos muertes de Gardel", ayant eu les preuves que l identité du chanteur de tango aurait été falsifiée.
Il a aussi écrit quelques essais et poésies.

Je me fais le plaisir de vous donner un extrait de son roman "El camino del norte" qui eut le prix La otra orilla en 2006. Nous pouvons voir avec quel réalisme l'écrivain arrive à faire vivre ses personnages devant nous :

"Lucinda finissait de mettre de l'ordre dans ses journaux, du premier au dernier. Si ce matin elle avait été laconique, à partir de maintenant elle entrerait dans le silence le plus complet. Elle mit la pile de cahiers dans une boîte en carton, qui à l'origine avait servi à transporter des médicaments, et elle la posa dans un espace qui restait entre l'armoire à linge et le mur. Elle en profita pour se regarder dans l'énorme miroir du meuble et se passer la main dans les cheveux. A ce moment-là Kramer arriva. Il s' annonça comme cela se fait dans certains villages, en tapant dans les paumes des mains, parce qu'il n'y avait ni sonnette ni heurtoir. La porte était ouverte, mais il préféra attendre.

Quand elle sortit, ils se regardèrent longuement, ils tournèrent l'un autour de l'autre comme dans une danse, ils se humèrent de loin par peur de s'approcher, ils se tendirent les mains sans qu'aucun d'eux ne se décidât à toucher l'autre véritablement, Kramer sourit avec timidité, Lucinda sourit sans timidité et son visage se remplit de soleil, ils se prirent légèrement les mains, les pointes des doigts sur les pointes des doigts, les doigts sur les doigts, les doigts fermés sur les doigts, et ils tournèrent ainsi, en entrant et en sortant de l'ombre de la maison et de la lumière humide et ardente."

      Dans son livret "La construcción de un universo literario", le romancier nous explique son cheminement et ses expériences, comment il vit sa passion pour l'écriture, comment il arrive à dépasser ses souffrances. Et c'est une grande sensibilité qui affleure de ses textes et qui nous prend au ventre ; aussi je vous invite à visiter son site sur fond musical, tout en plongeant dans l'atmosphère de son pays natal. Site
Il est mort d'un cancer le 6 septembre 2012 à Madrid
Horacio VAZQUEZ RIAL sur le site annuaire célébrités : Horacio VAZQUEZ-RIAL

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