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Les Voyageurs

au « Printemps des Poètes » d'Arras

C'est en trois temps que je vais parler de mon retour à Arras (ma ville natale), les 25 et 26 mars 2011, déplacement que je fis pour assister à différentes manifestations prévues dans le cadre du « Printemps des Poètes ».

Ces rencontres ont débuté le vendredi 25 mars au matin dans la salle de documentation du Collège Verlaine de Saint-Nicolas-lez-Arras.


J'y fus accueillie chaleureusement par la documentaliste qui se trouvait être une très vieille connaissance !
En cet endroit lumineux j'ai répondu aux questions posées par les élèves qui avaient étudié « Les voyageurs au sang d'or » et qui intervenaient avec curiosité et créativité dans un jeu de rôle plein de vie.
Je dois dire que ce fut un moment de joie et de bonne humeur partagée sous le regard des élèves venus voir leurs camarades, sans oublier celui du poète Paul Verlaine qui trônait de par sa grande photo sur le fond de scène.

Le soir eut lieu le spectacle « Gitans » dans la salle des fêtes de Saint-Laurent-Blangy et ce fut absolument splendide.

 

   Je fus captivée et enchantée par la mise en espace de mon roman, car étant spectatrice et voyant pour la première fois des acteurs interpréter mon texte ; ce fut pour moi une soirée hors du temps qui me plaça dans une écoute émouvante.
Aussi tant de personnes qui participaient sur le plateau, apprenant leur rôle, dansant ou jouant pour une unique représentation, m'a profondément touchée. Par ailleurs le texte fut respecté mot pour mot par la volonté du metteur en scène et le ton poétique du récit fut parfaitement rendu : quel plaisir !

   Les interprétations musicales étaient de toute beauté ; les musiciens ont joué de façon saisissante de magnifiques morceaux. Les danses avec notamment la Balandra, (gitane de Nîmes !), ont été vécues dans la pure expression du flamenco et de la rumba.
J'ai même été flattée de voir une sévillane exécutée juste devant moi (danse que j'ai apprise aussi dans cette ville avec grand plaisir).

   La scène avec Tara et l'organiste était troublante de vérité ; (je me posais beaucoup de questions à ce sujet avant de venir : « comment cette scène particulière serait-elle rendue ? » Eh bien je fus sidérée : toute la subtilité y était, avec ce côté parallèle et énigmatique du ton. En plus, j'ai su après le spectacle que la comédienne qui faisait Tara, s'appelle Sarah et vient de la région de Tolède : quel clin d'oeil aussi !

   Les choeurs des gitanes étaient prenants, si bien que l'on retenait son souffle en les écoutant. Les voix alternaient et donnaient un rythme, une mobilité au récit, dans un attrait à chaque fois renouvelé.

   Les enfants avaient une expression authentique dans chacun de leur rôle et j'ai beaucoup apprécié leurs prestations.

   Ce fut un grand moment aussi quand le limonaire entra sur scène dans une douce lumière ; cet instrument que je m'étais tant représenté dans mes rêves et mes pensées, me suivant au fil de l'écriture, roulait devant moi : quelle magie que de le voir là, présent sous mes yeux !

   Les facettes tristes des tableaux succédaient à celles pleines de vitalité ; l'atmosphère était juste et une énergie d'harmonie régnait sur l'ensemble de l'actuation, prenant au coeur. Peut-être frôle-t-on alors le merveilleux !

   Je dois dire que les artistes de toutes générations confondues, ont mis beaucoup de sincérité dans leurs interprétations et qu'un souffle fort et palpable planait dans l'air.

   Une chose ensuite a attiré mon attention de façon étrange après le spectacle ; c'est quand les acteurs viennent demander une dédicace du livre dont ils ont joué des passages. La situation devient surprenante car entendre son propre personnage dire : « Je suis Yerko, je suis Tara » est absolument stupéfiant, comme si l'on entrait dans une autre dimension.

Le 26 après-midi se tenait une Table ronde à Office Culturel d'Arras.

  

   Y participait Jean-Pierre Dacheux, philosophe parlant comme un conteur, qui a su expliquer avec clarté le sens de certains mots du domaine rom que l'on emploie souvent sans en connaître véritablement le sens.
Était également présent Régor, (personne avec qui je corresponds depuis longtemps par l'intermédiaire de la Vouivre) auteur de nombreux livres et essais, très motivé par la cause des Roms et que je rencontrais pour la première fois ! Il était accompagné de Merilla qui interpréta a capela le bouleversant chant « Ederlezi » et que l'assemblée écouta dans un silence empreint d' une grande émotion.

   J'ai retrouvé l'accueil chaleureux des gens de l'Artois, revu des amis et des Rosati et je fus également ravie d'avoir mes enfants réunis et mon éditrice à mes côtés.
   Aussi je reviens avec une fleur intense en moi, comme une rose qui se serait épanouie (le hasard a fait que j'ai même trouvé un bouton de rose sur le sol près du beffroi et que j'y ai vu là encore un clin d'oeil rosatique venu d'ailleurs).
Ce spectacle est un cadeau comme on en reçoit rarement dans une vie et j'en mesure toute sa grandeur et sa beauté.
Il est l'expression du bonheur, du rayonnement dans toute son amplitude. Sa portée de lumière pulse en continu à partir de la scène déployée à travers toutes les dimensions de l'art.
   Je me sens donc particulièrement honorée et touchée par cet épisode gitan sur le bord de Scarpe que les Almées viennent égayer.
   Et puisse cette fabuleuse mise en scène, porteuse d'art, de poésie, de sensibilité et d'amour, envoyer des échos sur tous les chemins pour que nos amis les Roms et nous les Gadje, nous nous côtoyions dans la paix ; que nous marchions ensemble ou pas.

Vidéo "Les Almées"

Reportage réalisé par AgoraWebTV www.agorawebtv.fr

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