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Rencontre avec les Kogis, Indiens de Colombie

J'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs fois les Kagabas ou Kogis de Colombie lors de leurs tournées en France à l'initiative d'Eric Julien qui est à l'origine de l'association Tchendukua (clic !). En réalité, leur nom dans leur langue est Kagaba.

 

C'est en premier lieu de splendides photos découvertes dans la revue "Nouvelles clefs" qui ont été le détonateur de mon intérêt pour ce peuple ;  ce fut un véritable choc au niveau de l'esthétisme et sans doute aussi quelque chose de plus subtil qui me touchait profondément.

Je pris des notes et décidais d'écrire à leur sujet. Je me suis déplacée à Toulouse en l'an 2000 pour les rencontrer, puis ai assisté à une conférence d'Eric julien à Lunel.

Après la parution du livre "Tisserand du soleil" j'eus l'occasion et le bonheur de remettre un exemplaire de cette première édition au Mamu José Gabriel Limako lors du déplacement que je fis à Montpellier en 2012.

En décembre 2015 un exemplaire de la réédition a été déposé dans le bateau qui s’appelait « Zigoneshi » et qui allait restituer l’or aux Kogis, 500 ans après qu’il y eut l’invasion de leurs terres.
Dans ce voilier, étaient ajoutés des présents selon le désir de chacun ; mon livre était donc un cadeau que je trouvais bienvenu dans cette expédition de réparation.

 

Maintenant, Arlésienne, c'est pour moi une véritable joie de les savoir dans ma ville.

 

Aussi, ce 4 juillet 2017, ils se trouvaient à Arles dans le cadre de l'année franco-combienne à la librairie Actes Sud afin de rencontrer le public et établir un échange "Zigoneshi"  (traduction du mot dans leur langue).

 

C'est ainsi que je rencontrai au détour de la rue le Mamu José Gabriel Llmako.

Photo Serge Lallemand

Je le suivis et nous entrâmes dans la cour Fanton où avait lieu une conférence avec Arregoces Coronado, autre Kogi, et Eric Julien.

Les Kogis sont les derniers héritiers de la civilisation précolombienne tayrona ; ils vivent dans les hauteurs de Santa Marta et respectent les lois ancestrales, celles de la vie, de la nature. Aussi, la transmission se fait de cette manière ininterrompue depuis 4000 ans. Ce peuple-racine nous ouvre l'esprit sur le respect envers la Terre et nous invite à prendre conscience de sa valeur sacrée.

Le Mamu est le sage, son appellation veut dire "soleil", la femme dans ce même rôle s'appelle Saga, elle est reliée à la "lune". Les deux se réunissent dans des temples séparés pour penser le monde dans une complémentarité d'énergie, de telle sorte que leur spiritualité englobe leur quotidien et maintient leur équilibre.

 

Il se trouvait que la venue des Kogis coïncidait avec les Rencontres photographiques d'Arles ; à cette occasion des photos de leur vie, aussi très symboliques, étaient exposées dans les caves Méjan sous les Éditions Actes Sud.

Un film était par ailleurs projeté dans le fond de la salle ; j'ai pris quelques photos relatant leur mode de vie avec quelques symboles montrant que les Indiens sont surtout reliés aux rythmes cosmiques et sont habités d'une grande spiritualité.

L'homme tient ici un poporo dans sa main, objet sacré qui l'accompagnera toute sa vie.

Les Indiennes parées de long colliers rouges, tissent les mochilas. Le tissage pour les hommes comme pour les femmes est un labeur qui se fait en conscience.

C'est en sortant de la salle d'exposition que mes amis arlésiens s'amusèrent à prendre cet instantané.

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Photo Serge Lallemand

Les conférences se terminèrent le 5 juillet dans le jour finissant, à l'espace Croisière. Ce fut un dialogue créatif autour de diverses questions portant sur la santé, le rôle de la femme.... Les Kogis répondirent avec précision tout en renouvelant la demande urgente auprès des petits frères de modifier leur comportement peu respectueux envers la Terre, la nature et  la vie et qui se mettent eux-mêmes en danger par cette irresponsabilité.

Je souhaite évoquer sur cette page un magnifique souvenir : celui où à l'ombre d'un platane, le Mamu José Gabriel regarde avec sourire mon livre. Un peu comme dans un miroir, son visage apparaît sur la couverture.

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Photo Serge Lallemand

En ce moment lumineux et exceptionnel, régna une belle complicité...

J'ajouterais, ce qui pourrait surprendre, que le Mamu ne m'a jamais parlé, ni répondu quand je m'exprimais en espagnol, mais il écoutait et regardait avec une grande bienveillance ; son silence était plein et nourrissant.

Par ailleurs, lors des interventions avec le public, j'ai pu croiser son regard qui s'était posé sur moi, il y eut un échange silencieux et à distance d'une grande douceur ; il communiquait, m'interrogeait peut-être, me transmettait quelque chose ! Mon âme a répondu avec sincérité laissant place à un bien-être au profond de moi.

Quelques temps après, je trouvai dans le passage d'un livre que le Mamu pratiquait "le langage sans mots" comme il le citait, et qu'il l'enseignait.

Je me sens donc honorée d'avoir eu de sa part l'expérience du "langage sans mots".

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Un article sur le blog d'Anna Galore : CLIC !

Le 15 septembre 2018, je me suis rendue à Toulouse pour assister à une rencontre unique avec la Saga Narcisa et les Mamus José Shibulata, Bernardo et Arregoces. Ils nous ont expliqué longuement dans leur langue kagaba l'importance de la terre et de l'eau qui sont liées à la femme et qu'il est fondamental de respecter. Quant aux hommes, leur lien est avec les arbres ; aussi hommes et femmes en tant que peuple-racine, font partie de la nature.
L'écoute de la grande assemblée présente ce soir-là était palpable tant l'attention était concentrée ; toutes les personnes buvant les paroles en kagaba, car même sans les comprendre la magie de l'instant opérait dans une autre dimension.

Puis en fin de conférence, tout le monde s'est levé pour moduler des sons en harmonie en faisant "un accord parfait" (ainsi appelé par le directeur de chœur) chant à l'unisson qui était dédié aux invités.
Ce fut une nouvelle rencontre captivante qui nous montre l'importance du dialogue au-delà de nos cultures et je suis donc ravie d'avoir écouté une Saga pour comprendre mieux l'aspect féminin de nos grandes sœurs.

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Ci-contre : la Saga Narcisa élaborant une mochila (sac)

Kogis
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