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La Noria des Temps

Imprimerie Joël Gaillard, 1988 (épuisé)

Prix de la Renaissance Française en 1990

Résumé :

Récit poétique, inspiré par le poème « La noria » d’Antonio Machado et par l' interprétation qu’en a faite le chanteur guitariste Francisco Montaner (site)


Roman poétique dont l’action se situe en Espagne (Extrémadure). Les chapitres sont de petits tableaux poétiques ou des chimères qui évoquent une atmosphère particulière. Les personnages se retrouvent au long d’une histoire en filigrane, dans l’esprit du célèbre livre "Platero y yo" de Juan Ramón Jimenez.


Préfacé par Pierre Reboul (Doyen de la Faculté des Lettres de Lille) :

"Ce récit, ce poème, dans le miracle accompli du lourd silence de ces mots presque légers, nous amène, fraternellement, sur le seuil sacré d'une connaissance inconnue."

Illustré par Marguerite Capon

Dédié à Jacqueline Ballman, amie de l’écrivain Henri Bosco

​Presse :

"Cantilène, incantation, mélopée ou fiction poétique, tous ces termes pourraient qualifier le bel ouvrage de Kathy Dauthuille." L'abeille de la Ternoise, le 1er octobre 1988


"Un livre de tendresse dans lequel Kathy Dauthuille nous emporte dans un univers où l’existence paraît s’inscrire dans un sentiment profond où les godets de la roue font songer à l’enchaînement de vies successives d’une même âme errante laquelle semble avoir accumulé les mémoires de l’infini, mélancolie et espérance à la fois."

Achile Pichon (journaliste).

Extrait :

​L'Estrémadure


"Au galop, dans son aura de poussière, un cavalier fendait la 'dehesa'. Ocre était la terre, balayée par les vents chauds, tachetée par la frondaison des chênes-lièges. Outremer, les flots du ciel sans limite où se noyait le soleil. Blanc, le chemin de pierres sur lequel sonnaient les sabots de l’alezan. Le soleil livrait sans répit l’odeur d’anis et de pierraille. Tout être respirait à pleins poumons cet air brûlant et sans cesse remué. Là, à l’ombre du chêne, la longe luisante et souple de l’ânesse de laquelle émanaient des vapeurs pesantes et âcres, traînait.
En ce lieu, la couleur et les sons ne se décomposaient pas. Ils étaient les fleurs originelles de cette terre d’ouest, cette terre d' Estrémadure qui semblait immuable contre la frontière du Portugal, la séparant de sa terre jumelle."

"Je crois que le thème principal de cet ouvrage est le rouage, donc l’image du temps, mouvement tantôt lent et ininterrompu, représenté par la noria, ou effréné avec le cheval sans sa course.
Comme dans les autres récits, l’histoire est là comme prétexte, en filigrane, pour permettre d’évoquer des situations, de s’ interroger, de rêver, de se laisser porter vers d’autres domaines. (Tel est le but de l’écriture, je crois, ou de tout art)."

 

 

La grande Noria  (35ème chimère)

 

     Cette noria était assez éloignée de la précédente ; un chemin grimpant sur la colline y accédait. Sur la hauteur on pouvait voir le fleuve qui s'élargissait en une grande masse bleue, l'autre berge en était visible, elle aussi boisée. Là l'immense roue à aubes était en vue ; elle se dressait, colossale, dans le paysage fauve, tournant lentement. L'eau giclait de toute part et un demi-tube de bois partait de son sommet en direction des cultures à irriguer. Elle était belle, opulente, forte, majestueuse. Elle montait dans la végétation tranquille, chargée de son eau ruisselante à la chute limpide et sonore. Solitaire, elle provoquait l'émerveillement dans ce décor sauvage où le fleuve frôlait sa base inlassablement. Assise contre un énorme pin, Braganza, qui écoutait l'eau, avait face à elle la formidable roue dans son ascension vers un espace bleu et serein. Elle restait là, à la contempler. Cette merveilleuse charpente cylindrique lui faisait penser à un énorme rouet déversant sa laine, qui ne devait jamais s'appesantir mais déployer son énergie lente et puissante à une même vitesse toujours égale au long du jour et de la nuit. C'était un gigantesque cadran d'horloge, un astrolabe, un sablier cosmique égrenant les instants de la vie : eau, laine, sable... tout était filtré par cet impressionnant mécanise.

     Braganza suivait le grandiose mouvement rythmique du chapelet hydraulique, de ce troublant plateau de manège à la verticale, de ce disque émettant sempiternellement la même et unique complainte. Comme elle l'aimait, s'y sentant rivée parfois comme si elle vivait de la même énergie.

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