Au pied du rocher des Baux-de-Provence
La lumière est blanche ce matin sur la façade de pierre orientée sud-est. La fin décembre a une teneur particulière dans le paysage où règne la forêt-galerie de chênes kermès alternant avec la multitude de pins et les espaces caillouteux que ponctuent çà et là les sombres cyprès ; le vent est froid, même humide mais les coronilles portent à flanc de colline leurs fleurs jaunes en étincelles dans les buissons.
Tout le bloc rocheux escarpé (ou bau en occitan) m’appelle. En le voyant de loin, mon regard s’illumine déjà. Marcher vers la colline me crée un enthousiasme qu’alimente chaque nouvelle vue.
Je passe entre les oliveraies et trouve le sentier grimpant au niveau de la falaise. L’endroit est vertigineux, des colosses de pierre surgissent à chaque déviation de la sente étroite et me laissent en arrêt alors que je lève les yeux vers les sommets.
Puis j’arrive sur un autre chemin, là se trouve la chapelle des Trémaïe ; en fait, elle est adossée contre un immense monolithe sur lequel trois personnages sont gravés : un romain, son épouse et entre les deux un curieux personnage, tantôt nommé la devineresse tantôt la déesse-mère.
Non loin, donnant sur la vallée s’étendant à perte de vue et sur laquelle le soleil rayonne, se trouve un long banc creusé dans la pierre.
Plus en avant apparaît une autre assise minérale et à dossier mais qui est tournée face à la paroi du bau.
Le lieu est serein, je m’assois pour goûter les rayons solaires et percer l’horizon de cette étendue qui devient bleutée en hiver. Il n’y a personne et je peux écouter avec tranquillité les bruits divers, contempler les mouvements des branches et des ombres.
Un peu plus en retrait se dessine une petite grotte. On dirait une coquille Saint-Jacques ; d’ailleurs lorsque j’entre, je ressens une ambiance de cocon comme si j’étais enveloppée et en même temps attirée vers le plafond. Je sens l’énergie tellurique également très forte à cet endroit.
Je constate qu’une ouverture est creusée dans la voûte ; elle est symétrique à une cavité colorée de bleu et se présente sous la forme d’un œil. Je vois alors l’ensemble d’une tête comme on en représentait souvent dans les grottes très anciennes.
Par l’orifice, à l’heure du midi solaire, un rai allume la partie d’une pierre placée là avec intention. C’est une sorte de manifestation faisant penser à un cadran ou à une perle dans sa coquille.
Et tout l’environnement à ce moment-là est irradié. L’instant est devenu magique : la terre accueille le soleil dans un espace qui lui est dédié. Ce qui me frappe c’est que dans la mythologie de Babylone, le soleil était représenté avec une croix à huit bras et que sur la photo, l’astre a effectivement cette émanation de couleur rouge.
Mais la promenade n’est pas finie ; en marchant encore, je trouve une autre stèle appelée la stèle de Gaïe ; il ne reste que le bas d’une niche avec deux personnages coupés. Certes, chaque pas ouvre vers de nouvelles découvertes. Cette partie de monument est tombée là mais il est difficile de savoir de quel endroit elle provient ; et d’autant plus que le temps a fait son œuvre depuis les Romains.
Et d'une autre époque : un des premiers habitats.
Un cadeau de la nature
Le paysage est d’une luminosité vivante ; les roches luisent, vibrent, émettent une sorte de champ qui capte tous les sens.
C’est un lieu qui revivifie et qui est en même temps sous l’influence de l’énergie solaire et de la douceur de la mère-terre avec ses symboles et ses manifestations.
Contempler et faire un avec le tout. En un mot : communier.
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